Je donne un autre atelier. Cette fois-ci, à l’université palestinienne de Jérusalem qui, depuis la construction du mur, n’est plus à Jérusalem mais à Abu Dis.
Il n’y a pas beaucoup de participants, je devrais dire participantes car au total il n’y a seulement que six filles. Il y a beaucoup de mouvements, les portables sonnent, des gens rentrent jeter un coup d’œil, certaines participantes s’en vont, d’autres arrivent… C’est assez chaotique. Je lance un exercice simple pour commencer : dessinez-moi un personnage.
La jeune fille avec le voile intégral me répond (après traduction) que sa religion l’empêche de dessiner un personnage. Elle dessinera une fleur, dit-elle.
Pourquoi diable venir à un atelier de bande dessinée dans ces conditions ? pensais-je en moi-même. Enfin, bon, je lui demande si elle ne pourrait pas dessiner un personnage avec une tête de chat, par exemple ? Une fleur, c’est trop limité.
Non, c’est pas possible.
Et Mickey, elle ne pourrait pas dessiner Mickey ?
Non, pas possible.
Ah, et une voiture ? Elle pourrait pas dessiner une voiture avec des yeux et une bouche comme dans Cars ?
Mmm… Oui, ça c’est possible.
Bon, et bien voilà. Une chose de réglé. Je suis persuadé qu’on ira très loin avec cet atelier.