Chinoiseries

Un journaliste de Pékin, à qui je donnais une interview, me déclarait avoir lu mon album Pyongyang en chinois. Ca m’étonnerait, lui dis-je, y’a pas de traduction en chinois. J’avais tort, un petit malin a tout traduit et a mis ça en disponibilité sur l’internet. Il n’y a pas de livre comme tel, uniquement un fichier pdf à télécharger.
Le journaliste me disait que de toute façon ce livre ne pourrait pas être édité en Chine car je donne une mauvaise image de la Corée du Nord qui se trouve être un pays ami.
Le plus comique dans cette histoire, c’est que le traducteur a placé son propre copyright sous la forme d’un logo dans les coins supérieurs droits des pages. De peur de se faire voler son travail ?

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25 thoughts on “Chinoiseries”

  1. Qu’en penser ? bien sûr, c’est du piratage et tu ne vas rien toucher en droits d’auteur la dessus, mais ce “pirate” à quand même été touché par ton oeuvre, au point de la traduire – ça doit représenter un boulot de dingue… et permet de faire circuler ton oeuvre, la où, tu le dis toi même, elle n’aurait sans doute pas été éditée…

    Je ne suis pas à ta place, mais je crois que je me sentirais flatté d’avoir un fan club “clandestin” (du moins tant que personne ne gagne d’argent sur mon dos). Il n’essaye pas de te “voler” completement ton oeuvre et se l’approprier, mais juste lui rendre hommage et la diffuser.

    C’est sûr, il y a certains fans dont on aimerait parfois se passer 😉

    La question suivante est : a t-il fait de même avec Shenzen, qui concerne directement la Chine (et pour cause) ?

    1. @jiece
      Oui, je suis plutôt content d’être lu en Chine. Avec un peu de chance, ils m’inviteront au festival de la bédé de Pékin. Si ça existe.
      Et pour Shenzhen, je sais pas.

  2. Oh, c’est fou !
    chez moi (au bureau) on dit que quand il commence à y avoir des contrefaçons de nos créations, c’est que la gloire est là.
    Félicitations !!

  3. Le tout est de savoir (et vérifier) si la traduction est correcte ou non. Ce serait bête de perdre totu le sens de ce périple par une traduction inappropriée !

  4. c’est surement plus une signature, comme le font les hackers par exemple (il traduit peur être d’autre livres en chinois), que par peur de se faire voler son travail.

  5. comme Marjane qui a vu son livre diffusé chez les soldats américains en poste en Irak, afin qu’ils comprennent certain aspects de la culture moyen-orientale, tu as peut-être une chance de diffuser un peu de lucidité sur la Corée aux Chinois …
    enfin je dis ça je dis rien

  6. Ce qui est effectivement à noter dans cette histoire rocambolesque, au delà de l’aspect ” détournement de l’oeuvre” mais qui te permet d’être lu en chine ( ce qui n’est pas rien) c’est le choix de l’album par le traducteur pirate…
    Pourquoi n’avoir pas traduit Shenzhen et plutôt choisit une histoire qui ne concerne pas directement les chinois…
    Peur des représailles pour lui dans son pays ? Ou au contraire volonté de diffuser un récit montrant la réalité de la CDN plutot que le discours formaté officiel ?
    à méditer un soir de pleine lune….

  7. D’une certaine façon l’album piraté est il facilement visionnable depuis la Chine ? Car bien qu’il n’existe pas de version traduite officielle et donc publiée pour des raisons politiques je ne vois pas pourquoi on en trouverait plus facilement sur l’internet chinois connu pour sa censure si efficace.

    Voila donc ou se trouve tout le paradoxe chinois … Communisme de marché
    Qui l’eut crut !

    En tout cas comme dit Fabien “Rien de plus fort qu’un Chinois” surtout quand ils sont plus d’un milliard !

  8. @Julio : le socialisme de marché n’est pas une surprise, le vieux Deng Xiao Ping a lancé (=imposé) l’idée il y a trente ans !
    C’est bien cette traduction en chinois, en espérant qu’elle soit fidèle. C’est comme le fansub ici qui a fait énormément pour imposer l’animation japonaise de qualité : j’ai connu Miyazaki comme ça avec Nausicaa, et vingt et quelques années plus tard je suis un gros consommateur de Miyazaki. Le piratage qui sert à faire des économies c’est pas bien, mais celui qui permet de diffuser une oeuvre qui serait occultée sinon…

  9. C’est quand même un bel exemple de l’explosion des frontières!

    -> Un dessinateur canadien
    -> Raconte son aventure en Corée du Nord
    -> Piraté par un chinois
    -> Avec un logo de comic book américain comme copyright je crois (l’espèce d’avatar informatique d’un personnage de l’univers de Batman, Oracle).

    Vraiment, je suis content d’avoir lu vos commentaires M. l’auteur. N’étant pas dans un métier de création, je me demandais quel était votre réaction. Je crois que vous avez la meilleure façon de percevoir la chose: Tant qu’à ne pas pouvoir être publié, aussi bien être piraté et lu, surtout quand le texte donne un autre point de vue que ce qui est évoqué dans ce pays. Je résume bien?

    Merci pour ce blog très intéressant!

  10. Anyone translated it would know totalism 101 and know China will never allow it so won’t except it be published. I think the logo’s more like a watermark to forbid anyone try to take it directly from the web to unofficially publish it – which is worse than web pirate.

  11. @ Blogueur Influent
    A lire les pages présentes sur le site indiqué par M. l’Auteur, la traduction est fidèle, excellente même.
    @ tous
    Quel intérêt aurait un Chinois à traduire Shenzhen? Ce qui à nos yeux en fait le charme (par ex.l’anglais “off the book” du portier ou la fausse clim) n’est que la norme pour le traducteur. Bien entendu un regard étranger peut faire ressortir ces petites aberrations du quotidien ; mais il est plus facile et plaisant de rire des absurdités des autres peuples que de celles du sien. Au fait, M. Delisle, un projet sur la France?? Ou le Canada???

  12. Je suis a Pekin en ce moment. Aurais tu un lien de l’interview que tu as donne au journaliste Chinois? J’aimerais le faire lire a certain de mes collegues… surtout pour ma traductrice qui me fait des scenes quand je fais reference a ton livre. Merci.

  13. De plus, faire lire cette version à des traducteurs seraient un bon moyen de jauger le niveau de cette traduction, et sa fidélité au texte original…

    (ps : ça me fait penser à ce célèbre bon mot – je croyais que c’était de Guitry, mais sur le net, c’est attribué à plein de gens… – : “les traductions sont comme les femmes, qd elles sont belles, elles ne sont pas fidèles, et qd elles sont fidèles, elles ne sont pas belles”…)

  14. S’il n’a pas choisi le bouquin sur Shenzhen, cela peut avoir plusieurs raisons.

    Je l’avais achete a Paris a sa sortie, je ne connaissais rien de la Chine et il m’avait bien amuse.
    Emigre en Chine depuis 5 ans, ma vision de l’ouvrage a un peu change. Tout d’abord, a la vitesse ou les choses bougent a SHenzhen, un livre qui peint la ville il y a maintenant 12 ans est un peu out of date. Mais ce qui me gene un pue plus, c’est le regard du type qui n’a fait aucun effort pour apprendre qques rudiments de chinois et etre ainsi a meme de comprendre mieux et de communiquer avec son environnement. Ca m’a laisse comme un leger gout dans la bouche mais je ne suis pas surpris, 90% des etrangers sont comme ca (meme si la tendance s’essouffle j’ai l’impression, le cote “j’arrive avec mon savoir occidental et je vais vous apprendre” tend a disparaitre peu a peu..)

  15. Le logo n’a rien d’un copyright, c’est juste la signature de celui qui a traduit la BD. Je vous ferai remarquer qu’il ne s’est pas approprié la paternité de l’oeuvre hein…

    Pour ce qui est de la traduction elle-même, on retrouve le même principe dans ce qu’on appelle les “fansub”, les sous-titrages amateurs (parfois limite professionnels) de séries qui n’ont pas encore été diffusées officiellement dans tel ou tel pays.
    Ce n’est pas à proprement parler du piratage, je dirais qu’il s’agit plutôt de combler un vide, d’aider à diffuser quelque chose qui nous plaît et que la majorité des gens ne comprennent pas.

    Même si sur la forme je comprends bien le dilemme de l’auteur, sur le fond je ne vois pas trop le problème, vu que l’oeuvre n’est de toute façon pas disponible dans cette langue.
    Et si d’aventure elle devait être traduite, ça ne ferait que renforcer sa popularité.

    Mon seul soucis, en tant qu’auteur, concernerait la qualité de la traduction, pour le reste, si ça peut aider à faire connaître mon travail, tant mieux, c’est bénéfique à la fois pour mon ego, et éventuellement pour les ventes.

  16. Il est cultivé ce Monsieur Chinois
    Lez nom de Multivac est tiré de différentes nouvelles d’Isaac Asimov publié entre 1955 et 1979

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