Mercredi dernier, je me rends à Naplouse pour présenter mon travail devant des étudiants de la faculté d’arts plastiques. Naplouse se situe au nord de la Palestine, c’est un grande ville, plutôt conservatrice et repliée sur elle-même car elle est entourée de checkpoints et de colonies israéliennes. La faculté, qui est toute neuve et très belle, a été construite avec le reste du campus tout récemment. Au rez-de-chaussée, J’ai droit à une exposition avec des originaux de Pyongyang et Shenzhen que j’ai fait venir par la poste. J’inaugure le tout en coupant un ruban. Petits fours et cafés.
Pour la présentation, J’ai mon ordinateur branché à un projecteur. Pour parler de bande dessinée mieux vaut montrer des images. La salle de classe est comble, y’en a même au fond qui sont debout. Beaucoup de filles, au moins la moitié, je suis étonné. Elles sont pour la plupart voilées avec des manteaux noirs qui leur tombent jusqu’aux genoux. Je commence par évoquer mon parcours dans l’animation, je passe quelques exemples, y’a pas de son mais c’est pas grave, les gens ont l’air d’apprécier. J’arrive à mes premiers pas dans la bande dessinée et mes influences avec le dessin animé. Je leur explique le concept derrière mon premier album : Aline et les autres.
Il se trouve que cette année, J’ai travaillé sur mon site web et que je suis en mesure de leur montrer des extraits de l’album. J’ai mis en ligne les quatre premières histoires. Je commence avec la première, celle avec deux filles sur la plage.
Je n’ai plus très bien l’histoire en tête mais je continue à passer les images. Soudain, je me rends compte que tout ça est peut-être un peu trop osé pour mon audience. Habituellement quand je montre ces extraits, j’obtiens un petit effet et j’en entends rigoler quelques uns. Là, pas trop. Et même, pas du tout.
Par contre, j’entends un brouhaha de chaises qui se déplacent, je me retourne pour voir le quart de la classe quitter les lieux. Filles et garçons confondus. Soudain, j’ai chaud, je transpire et je bredouille quelque chose d’incohérent. Je vais quand même jusqu’au bout de mon histoire, mais à une vitesse où il est impossible de comprendre quoi que ce soit pour le reste de mon auditoire, et j’enchaîne sans transition sur Louis à la plage. Un sujet qui ne risque pas de froisser des étudiants en arts plastiques.
Quoi que…
Quelle anecdote, c’est drôle !
Et l’expo, c’était bien ? 😉
@Mathieu, oui c’était bien, grâce à toi. Encore merci.
Aille aille aille!
C’est dur la vie d’artiste.
Combien sont resté jusqu’à la fin?
Pouha ha ha! Tu ne t’es jamais demandé avant l’exposé si ces images seraient “acceptables” pour ton auditoire? J’adore cette histoire! J’aimerais bien la trouver dans un prochain album… 😉
Merci d’entretenir ce blog, pour moi c’est du pur bonheur en attendant de me mettre sous la dent une prochaine publication!
@Malorie. Non, je me disais que j’avais à faire à des adultes. Je partais sans à priori et je croyais que la première histoire était une autre que celle là. Pour mes prochaines rencontre, je vais corriger le tir.
@line rouge. La classe était à peu près remplie. Ceux qui étaient debout ont quitté les lieux. Bon débarras.
Non, mais moi, je dis, avec tout ce qui vous arrive, j’attends l’album!
Et je me délecte à l’avance de le lire en voyant comment vous aurez transformé le matériau de départ (l’anecdote que vous racontez) en dessins et en textes…
Bonjour,
Je tombe sur votre album (chroniques birmanes par hasard chez un bouquiniste du nord de la france) et je me dit tiens que puis-je trouver sur le net?!? et bingo, je tombe sur votre blog, génial, merci, j’ai d’acheter vos autres albums, j’adore…
Incroyable cette réaction d’un autre âge devant quelques nus !
(Par contre j’aurais tout à fait compris que la lecture des planches suscite de l’indignation. C’est particulièrement hard, pervers, déjanté, etc. Jubilatoire pour nous, mais très sûrement scandaleux (et tant mieux!) pour ceux qui ne sont pas préparés comme nous le sommes avec Sade, Bunuel, David Lynch, Chris Ware, etc.)
Ne rectifiez pas le tir, je pense que même dans ces cas là il faut rester soi même.
C’est marrant cette situation où tout le monde est en porte-à-faux…
Le fait d’avoir montré tes donzelles dénudées, ça a aussi eu des conséquence heureuse dans le dialogue que tu as eu avec eux ?
Non, pas vraiment. Les plus pudiques sont partis. Ceux qui sont restés m’ont dit que c’était tant pis pour eux et que bon débarras.
Et du côté de l’administration de la faculté, vous n’avez pas eu de problèmes? Votre exposition n’a pas été annulé?
Non, ils ont trouvé que les étudiants en question étaient trop coincés.
Yessss! That is what I want to see. Israel through your eyes.
Love it.
François parait indigné devant la réaction des étudiants.
Mais où croyez vous être, c’est la Palestine, avec ses préjugés, ses interdits, il aurait du présenter la même chose en voilant la figure, peut être que cela aurait passé.
Qu’il aille montrer son travail aux jeunes de Jérusalem, il verra la même réaction, peut-être qu’à Tel Aviv il aura un certains succès.
Pensez plutôt comme Miriam, qui veut voir Israël avec les yeux de l’artiste.
Shalom ,
Roni du fond de la Galilée.
bravo pour votre audace à la facultè de Naplouse! votre art est le moyen le plus pertinent pour lutter contre l’obscurantisme…merci d’avoir ce courage!
Non, en fait ils sont saturés d’images de bonnes femmes nues. Is espéraient enfin avoir droit aux mecs à poil, mais leur déception face à la pruderie occidentale les a poussé à sortir et aller boire une café ou un thé à la terrasse du coin.