Sudoku

sudoku

MSF emploie une femme de ménage qui s’occupe tour à tour de trois appartements. C’est une femme Arabe d’un certain age qui ne parle pas un mot d’anglais. Et quand je dis pas un mot, c’est vraiment rien. Je ne crois pas l’avoir entendu dire yes ou no lors de nos échanges. J’ai d’ailleurs abandonné très vite toute tentative de communication. Avec les gestes on peut faire passer beaucoup de choses mais je préfère repasser derrière elle une fois son travail fini. Comment peut on laver un biberon et ensuite le refermer pour le laisser sécher? Quelle logique peut expliquer un tel comportement? Enfin, je pourrai toujours appeler la secrétaire de MSF qui lui traduirait mes doléances mais c’est au-dessus de mes forces. Je préfère ronger mon frein.
Nous nous fréquentons donc tous les trois jours dans un silence poli. Mais une récente découverte m’a amené à me poser de sérieuses questions sur son équilibre intérieur. Après avoir trouvé un livre à moitié utilisé de sudoku dans l’appartement, je m’y suis mis faute de stimuli intellectuel dans mon quotidien. Alors que je comptais en reprendre un de niveau moyen que j’avais laissé en plan le jour d’avant, je constate une grossière erreur. Comment ai-je pu mettre deux 6 de suite dans le même carrée ? Oh, il y en a même trois! Impossible, je ne peux pas avoir été aussi distrait. Qui donc alors ? Les enfants, non. Nadège, non. Une seule possibilité : la femme de ménage. D’ailleurs son 3 est bizarrement dessiné. A l’évidence elle ne connaît pas ce jeu alors pourquoi prendre le temps d’y mettre quelques chiffres au hasard ?
Je me disais bien qu’il y avait plus que la barrière du langage dans ce problème de communication.