Retour

Grande absence de mon blog. D’abord la période des fêtes avec des amis qui viennent célébrer ça à Jérusalem. Malheureusement, je reçois comme cadeau de Noël un rhume carabiné qui me transforme en vieillard pendant une semaine. Du jamais vu en matière de rhume pour ma part. Rajouté à ça, les vacances scolaires qui n’en finissent plus. Alice, notre dernière, a repris le 12 janvier! Et finalement, la Guerre à Gaza qui transforme une mission tranquille de MSF en branle-bas général. J’allais écrire “de combat” mais c’est pas très approprié pour une ONG humanitaire.

Rome II

Pour me rendre en Italie, j’ai un vol direct avec El Al, la compagnie Israélienne bien connue pour avoir des contrôles de sécurité très poussés. J’ai dû affronter leurs agents auparavant et cette fois-ci, j’ai tout préparé. J’ai l’adresse et le numéro de téléphone de mon hôtel, la lettre d’invitation du festival et celle aussi de mon éditeur, les emails échangés pour l’achat du billet, une photo de ma compagne et de mes deux enfants.

Dans la file d’attente pour le check-in, un premier agent m’interpelle. J’essaie d’avoir l’air détendu. On me pose quelques questions d’usage. Vient alors le : Vous habitez où à Jérusalem ? Dans l’est. Où exactement ? Beit Hanina (sous-entendu chez les arabes). Oups! Ça c’est pas bon. Et votre femme elle travaille où ? Euh… en Cisjordanie. Je commence à être un peu moins décontracté que tout à l’heure. Oui, mais où en Cisjordanie ? A Naplouse et un peu à Gaza. Oups! Là, c’est pas bon du tout. Elle me colle un plastique vert derrière mon passeport avec un numéro qu’elle encercle. Have a nice flight. Merci.
Un peu plus loin pour le vrai contrôle, ça ne loupe pas, à la vue de mon passeport, j’ai droit au chef de sécurité qui me repose les mêmes questions. Deux fois, il me demande le nom de ma compagne. Je n’ai rien à me reprocher alors je reste parfaitement calme mais après une demie-heure, la fatigue commence à se faire sentir et je souris beaucoup moins. Tout ça se termine dans les bureaux, derrière les comptoirs d’enregistrement, à surfer sur l’ordinateur de la sécurité pour leur montrer le site du festival à Rome, mon site à moi avec mes albums et même ce blog avec les dessins de Beit Hanina. Tant qu’à y être.

Finalement, c’est bon, je passe. Ça sera nettement plus compliqué à mon retour mais ça je ne le sais pas encore.

Anglophone

J’ai passé plusieurs jours à travailler sur une version anglaise de mon site. Pour les anglophones qui lisent ce blog (il doit pas y’en avoir beaucoup) et les curieux, c’est par ici.

Ramadan 2

Je marche dans la rue en croquant une pomme. Je ne m’abuse ou je sens quelques regards dans ma direction ? Ah, c’est vrai c’est le Ramadan, personne ne mange avant le coucher du soleil. Que faire, la mettre dans ma poche ?

Ramadan

Premier septembre, début du Ramadan. Des guirlandes de lumières colorées décorent les fenêtres des maisons. Ça me rappelle la période de noël de mon enfance au Canada. Sauf qu’avec 30 degrés l’après-midi, l’ambiance n’a rien de comparable. Pendant cette période, les mosquées ont augmenté d’un cran la puissance de leurs appels à la prière diffusés par haut-parleurs. Moi qui avais tout récemment réussi à m’habituer à dormir d’une traite, c’est reparti de plus belle. C’est simple, avec les fenêtres ouvertes, c’est comme si le muezzin était dans le salon avec un mégaphone. Si c’est pas lui, c’est les enfants qui se réveillent en pleine nuit. C’est chacun son tour à se relayer pour perturber mon sommeil. Bonne nuit.

Côté cour

Hier soir, pas mal de bruit par la fenêtre. Qu’est-ce qui peut bien se passer chez les voisins ? Notre quartier est habituellement très calme. Je jette un coup d’oeil. De notre troisième étage, j’ai une vu plongeante sur tout ce qui se passe. C’est rempli de gens, je me cache un peu derrière le rideau, on sait jamais. Musique à tue-tête, buffet et petites lumières colorés. C’est un mariage. J’aimerais bien voir ça de plus près un jour, j’espère que je me ferai invité, j’ai même apporté mon costard au cas où l’occasion se présenterait.

A y regarder de plus près, je déchante un peu. Il n’y a que des hommes. Eh oui, c’est ainsi que les célébrations se passent pour les Palestiniens. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Ça les empêche pas de danser, il y en a un qui a l’air de mettre l’ambiance à côté du buffet et qui entraine ses compagnons à se lancer sur la piste. Toujours planqué derrière le rideau et la mâchoire grande ouverte devant ce douloureux spectacle,  je me disais que finalement ça risque de prendre quelqu’un de très persuasif pour m’obliger à sortir ma cravate de sa valise.

Guest House

Nous habitons dans ce qui était l’ancienne “guest house” de MSF. Des dizaines d’expatriés ont du venir ici se reposer un peu avant de retourner sur le terrain. La plupart sont restés le temps d’un week-end et d’autres beaucoup plus longtemps.

Avec les traces laissées par leurs passages, on arrive à reconstituer des fragments d’histoires. Dans un coin du salon, un lecteur de cd cassé. Vu la taille de l’engin, on imagine les fêtes qui vont avec. A l’intérieur, un disque de musique locale en arabe, cadeau d’un ami ? curiosité du voyageur en passant devant le magasin de cd?

Dans la librairie, des livres en espagnol, en anglais, en italien, en arabe et beaucoup en français. Des poésies et des oeuvres de jeunesse de Victor Hugo, un voyageur romantique ? L’humanitaire en accueille pas mal, je parie. Quelques policiers et toute une série de gros livres d’une saga fantastique. Un autre romantique ?

Dans un tiroir, je trouve trois pots de gouache, des pinceaux et des feuilles de papier Canson. Ah, il y en a un qui a occupé ses dimanches à faire de la peinture. Le lendemain, derrière un rideau, je trouve une toile de facture abstraite. Pas trop mal, je trouve. Il y en a une deuxième, plus petite mais montée sur un châssis en bois toujours derrière ce rideau comme si on avait voulu les cacher. Au dos, une signature et une dédicace :

Pour Emille,

From Jérusalem with love !

Stéph

Balade

Je sors avec Alice explorer les environs. Les routes défoncées, la galère avec la poussette, les voitures qui se stationnent n’importe où sur le trottoir, la chaleur écrasante. Y’a comme un parfum de déjà-vu dans l’air.