De la différence entre photo et croquis

Guy Delisle Still

Le mois dernier, une équipe de télé suédoise est venue me suivre alors que je me rendais à Ramallah. Pour les besoins de leur programme, ils m’ont demandé de faire un croquis d’un endroit qu’on avait vu ensemble. J’ai pas cherché bien loin, l’architecture de la fondation Qattan où j’ai rencontré les étudiants me plaisait suffisamment. La semaine suivante,  je recevais par email la photo que vous voyez ci-dessus.

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J’en ai tiré le croquis que voilà qui sera superposé à l’image pendant le reportage.

On voit que contrairement à la photo, où on est obligé de tout prendre d’un coup, le croquis permet de virer tout ce qu’on n’aime pas et de garder l’essentiel. On sublime le réel, rien de moins.

Pour ceux qui se débrouillent en Suédois, l’émission en question s’appelle Kobra et peut se voir ici .

Semaine de Pâques

François Olislaeger est venu passer une semaine à Jérusalem. En pleine semaine de Pâques, il y a beaucoup à voir dans la ville sainte. On s’est baladé dans les environs, Bethléem, Naplouse et la mer morte chacun avec notre carnet de croquis et chacun avec sa manière de figer l’instant sur le papier.

Je vous invite à aller faire un tour sur son blog où il a commencé à mettre en ligne le résultat de cette agréable semaine.

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Ici en jaune avec une kippa en carton.

Aline et les autres

Mercredi dernier, je me rends à Naplouse pour présenter mon travail devant des étudiants de la faculté d’arts plastiques. Naplouse se situe au nord de la Palestine, c’est un grande ville, plutôt conservatrice et repliée sur elle-même car elle est entourée de checkpoints et de colonies israéliennes. La faculté, qui est toute neuve et très belle, a été construite avec le reste du campus tout récemment. Au rez-de-chaussée, J’ai droit à une exposition avec des originaux de Pyongyang et Shenzhen que j’ai fait venir par la poste. J’inaugure le tout en coupant un ruban. Petits fours et cafés.

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Pour la présentation, J’ai mon ordinateur branché à un projecteur. Pour parler de bande dessinée mieux vaut montrer des images. La salle de classe est comble, y’en a même au fond qui sont debout. Beaucoup de filles, au moins la moitié, je suis étonné. Elles sont pour la plupart voilées avec des manteaux noirs qui leur tombent jusqu’aux genoux. Je commence par évoquer mon parcours dans l’animation, je passe quelques exemples, y’a pas de son mais c’est pas grave, les gens ont l’air d’apprécier. J’arrive à mes premiers pas dans la bande dessinée et mes influences avec le dessin animé. Je leur explique le concept derrière mon premier album : Aline et les autres.

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Il se trouve que cette année, J’ai travaillé sur mon site web et que je suis en mesure de leur montrer des extraits de l’album. J’ai mis en ligne les quatre premières histoires. Je commence avec la première, celle avec deux filles sur la plage.

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Je n’ai plus très bien l’histoire en tête mais je continue à passer les images. Soudain, je me rends compte que tout ça est peut-être un peu trop osé pour mon audience. Habituellement quand je montre ces extraits, j’obtiens un petit effet et j’en entends rigoler quelques uns. Là, pas trop. Et même, pas du tout.

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Par contre, j’entends un brouhaha de chaises qui se déplacent, je me retourne pour voir le quart de la classe quitter les lieux. Filles et garçons confondus. Soudain, j’ai chaud, je transpire et je bredouille quelque chose d’incohérent. Je vais quand même jusqu’au bout de mon histoire, mais à une vitesse où il est impossible de comprendre quoi que ce soit pour le reste de mon auditoire, et j’enchaîne sans transition sur Louis à la plage. Un sujet qui ne risque pas de froisser des étudiants en arts plastiques.

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Quoi que…

Le mont des oliviers

Au hasard des rencontres, j’ai fait la connaissance d’un pasteur anglican passionné de bande dessinée. Un jour, je lui parlais de ma situation que je travaille à la maison que je sature un peu et que ça serait pas mal de travailler à l’extérieur, d’avoir un studio ou quelque chose du genre. Très gentiment, il me propose une petite pièce qui sert de débarras dans son église. Me voilà donc, chaque matin que Dieu fait, à aller travailler à l’église. Et pas n’importe où, je me retrouve sur le mont des Oliviers. Là même où Jésus a recollé l’oreille du soldat romain. Plutôt étonnant comme situation pour une âme perdue comme la mienne. Y trouverais-je la foi ? On verra, mais en attendant j’y trouve le calme et pour bosser, c’est parfait.

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J’ai trouvé cette jolie enseigne qui traînait dans un coin.

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Pour ceux qui ne lisent ni l’anglais, ni l’arabe, ni l’hébreu et ni l’allemand, ça dit : EN PRIÈRE – NE PAS DÉRANGER.

Je pourrais peut-être m’en servir.

Au consulat

Vu sur la porte d’entrée du consulat français

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Au premier coup d’œil, c’est ce qu’on remarque : un pistolet et le mot tirez.
Ensuite, le regard se déplace sur la droite pour lire la suite.

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A l’intérieur du consulat, un agent de sécurité vous demande si vous n’avez pas d’arme. Au début cette question surprend. Non, bien sûr, je n’ai pas d’arme ! Avec l’habitude, on ne fait plus attention. Même au café, où je vais prendre un cappuccino le matin, on me pose cette question avant d’entrer. Il faut dire que le port d’arme est asez répandu dans le coin. J’imagine que ça devait ressembler à ça, à l’époque du Far West, avant d’entrer au saloon.

En attendant la troisième guerre mondiale

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En ramenant une amie chez elle, je passe devant ces deux grosses pierres. C’est pour la construction du troisième Temple, qu’elle m’explique. Ah bon ? Eh oui, chaque année une bande de rigolos organise une marche en transportant ces cailloux sur un camion. Ils se dirigent vers l’esplanade des mosquées où ils aimeraient bien pouvoir poser les bases de ce qui serait le troisième Temple. Comme ça, le Messie qui n’attend que ça, viendrait enfin faire un tour de notre côté.

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Mais le problème, c’est que l’esplanade est déjà occupée par le dôme du rocher et la mosquée d’Al-Aqsa. Ce qui en fait un des plus important lieu saint de l’islam. Pour nos joyeux manifestants, ça ne pose aucun problème, il suffirait de déménager le tout, la mosquée et le dôme, à La Mecque. Comme ça, tout le monde serait content, non ? Bah, tant pis alors, on rase tout et on reconstruit le Temple comme on veut. Après tout, on a récupéré Jérusalem après la guerre des six jours, c’est à nous, l’esplanade y compris.

On imagine le résultat. Heureusement, c’est la Jordanie qui est garant du lieu suite aux accords de paix avec Israël.

Aujourd’hui, pluie

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En préparant mon café ce matin, j’aperçois par la fenêtre de ma cuisine, un arc-en-ciel parfait brillant dans le ciel. Oh, comme c’est joli ! me dis-je. Et clic, une photo. Le plus beau, c’est qu’il commence du côté Israélien et se termine vers Ramallah, de l’autre côté du mur donc. Pas de checkpoint pour les arcs-en-ciel. Ah là là, si seulement je savais jouer de la guitare… Je vous jure, y’a des chansons qui se perdent.

Les neiges d’antan

Cet été, sous la chaleur caniculaire, on me disait : “tu verras, l’hiver il fait froid ici. Parfois même, il neige!”
Partout, des photos dans les magazines et des cartes postales dans les magasins nous rappellent cette promesse blanche. Depuis l’évocation de cette possibilité, mon fiston trépigne d’impatience et les questions dans ce sens fusent régulièrement.
En décembre, le vent fraîchit sensiblement mais rien de canadien. “Ah oui, mais il faut voir ça en janvier. Le matin, on peut trouver de la givre sur son pare-brise.”
Janvier toujours rien, pas le moindre signe de givre encore moins de neige. “Ah oui, mais l’année dernière, c’est en février que la neige est tombée. C’est souvent le mois le plus froid.”
Bon, on verra, aujourd’hui on se balade pratiquement en t-shirt et la semaine dernière les enfants ont fait trempette dans la mer à Tel Aviv.

De la même façon, on me dit que le houmous, c’est bien bon, mais qu’après quelques mois on sature. Jusqu’à maintenant, j’en consomme presque quotidiennement depuis mon premier jour ici et mon appétit ne semble pas faiblir pour cette spécialité régionale.
On verra, en février peut-être.

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